Les tribulations d’un
éveillé N°16
Bonjour frères et sœurs dans la
lumière.
On me dit de me protéger. Que je dois
faire attention. Que je ne dois pas m’exposer…
Soit, mais que devrais-je craindre?
Il y a des forces et des gens mal
intentionnés qui pourraient te vouloir du mal…Te dépouiller de
ton innocence....
Brrr et dans quel but?
T’égarer, te faire douter, te
détourner de ton chemin….
Ah si je comprends bien on est en train
de parler de la matrice astrale dans laquelle nous étions coincés,
prisonniers depuis des éons?....Et qui n’a plus d’existence
propre en ces temps d’éveil et de reconnexion à la Lumière.
Ainsi j’entends votre désir de bien
faire mais voyez-vous en procédant de la sorte vous entretenez une
forme pensée de type parasite, un égrégore issu de ces temps
troubles de désillusions et de peurs entretenues. Lâchez cela,
c’est un reste de notre conditionnement que vous brandissez
au-dessus de nos têtes. Cela n’est plus ma réalité…
Venez voir à quoi peut ressembler mon
univers aujourd'hui, je vous invite à y pénétrer dans l’instant.
Voyez-vous j’habite un château. Un
très grand château, pourvu d’un nombre incalculable de pièces,
chambres, boudoirs, bibliothèques, salons de réception. Il s’y
enchevêtre des dizaines d’escaliers. Pas une pièce n’est
décorée à l’identique de la suivante. Je ne me lasse jamais d’en
parcourir les corridors.
Il y a quelques particularités dans ma
demeure, vous n’y trouverez aucune serrure, il n’est plus utile
de fermer à clef les portes de toutes ces pièces somptueuses. Au
demeurant c’était un peu compliqué à gérer au quotidien toutes
ces clefs, en plus du poids dans les poches….
J’ai décroché tous les portraits de
mes ancêtres qui trônaient siècle après siècle dans les méandres
de ses couloirs, de mes mémoires. C’était devenu pesant de se sentir surveillé par
ses Aïeux et jugé du haut de leurs majestueuses poses
d’opérette.
J’ai pensé
aussi qu’il serait plus sympa de retirer les portes et ainsi offrir
à chacun, une vision des pièces réparties de part et d’autre des
sombres corridors fermés à toute lumière depuis la nuit des temps.
Je pris donc plus de plaisir à flâner
dans ces couloirs ou j'y surprenait dorénavant des angles de vues
insoupçonnées, les couleurs chatoyantes d'un dais de dessus de
lit, un coin de tapisserie et surtout des raies de lumière magique
ou virevoltent des particules de poussière en suspension, mues par
des courants d'air léger, si léger.....Et puis vint le temps ou une
idée saugrenue germa en mon esprit vacillant...
Pourquoi tant de cloisons? Pourquoi un
si grand nombre de pièces?...
Ou que portait mon regard je n'y
trouvais que des murs... Les murs sont mes ennemis!!! Bon okay mais
ce sont tes ancêtres qui les ont bâtis, ils y ont mis toute leur
énergie, affirmant ainsi leur pouvoir...
Je me dois donc de maintenir vivante la
tradition?
De quelle tradition parle-t-on????
Je passais de longues heures à ruminer
cette question. Chaque corridor que j'arpentais me renvoyait à cette
question, ou s'arrête la tradition, ou commence ma liberté de
création?
Pour me libérer de ce questionnement
envahissant, j'entrepris de me tester. Pour cela je choisis une
chambre sous les combles dans la partie réservée aux domestiques et
laissée à l'abandon depuis que le dernier serviteur fut partit.
Le mur mitoyen d'avec une autre
chambrée me prit du temps à démolir, je dus m'y reprendre à
plusieurs reprises en y versant des larmes car peu enclin aux
exercices physiques je ne pouvais pas comprendre oh combien mon corps
pouvait se rebeller et m'infliger ainsi des douleurs méconnues...
Je ne sais d'où me venait cette
volonté de continuer mais finalement j'en vint à bout...
Les gravas déblayés je pris la mesure
de l'espace dégagé qui s'offrait à ma vue. La lumière pénétrant
par les petites fenêtres mettait en valeur une dimension tout autre
et je me pris à respirer plus légèrement. Côté ancêtres c'était
le calme plat, nulle manifestation douteuse, pas de miroir cassé,
pas d'ectoplasme en vue, bref tranquille, tranquille....
Alors je fis les choses en grand,
confiant à un architecte ami le soin de démolir un à un les murs
devenus inutiles. Il se fit aider par des ouvriers consciencieux que
je voyais à peine et qui œuvraient en toute discrétion....Enfin
non pas tout à fait, ils utilisaient des masses et des
marteau-piqueurs selon les murs qu'ils rencontraient et cela faisait
vibrer tout le château, je perdis mes repères, mes couloirs se
couvraient de poussière, je doutais de la réussite d'une telle
entreprise, pendant ces moments de doute je me traitais de fou,
d'insensé!!!Je perdis le sommeil en partie.
Et puis vint le temps ou cette
tourmente commença à perdre en intensité, le va et vient des
camions bennes se raréfia, les cris des ouvriers et les coups
s'espacèrent jusqu'à finir par disparaître...
Mon ami architecte me proposa,
maintenant que toutes les protections étaient retirées, de faire en
sa compagnie le tour du propriétaire. Nous choisîmes pour cela une
visite nocturne, par une nuit de pleine Lune pour en apprécier toute
la magie.
Je m'approchais de la magnifique porte
d'entrée de mon château et fut surpris de la voir s'ouvrir toute
seule comme une fleur au Soleil. L'intérieur était tout illuminé
mais je n'arrivais pas à identifier la source lumineuse. troublé je
pénétrais dans le château il y régnait un silence majestueux et
une magnifique odeur de Jasmin s'y épanouissait , autour de moi
quelques piliers semblaient tenir une architecture réduite à sa
plus simple expression, je levais la tête et fus étourdis de
découvrir la voute céleste étoilée. Je me retournais pour
féliciter mon ami architecte pour la qualité de son travail mais il
n'y avait personne derrière moi, j'étais seul, et pourtant je n'en
conçus aucune amertume, nul sentiment triste ne pointa son nez....
Étrange.
Maintenant je respire profondément,
retenant quelques instants encore cette respiration et doucement
relâche le souffle en un expir libérateur.
Je suis assis en tailleur, je termine
ma méditation, là assis en tailleur sur mon lit.
Mon Âme me dis ceci : «As-tu compris
le sens profond de ton rêve mon doux amour?»
Je garde les yeux fermés savourant
encore un peu ce moment magique.... Si j'ai compris? J'ai le visage
barré par un sourire immense. Je me suis fait baladé comme un
débutant et je trouve cela terriblement drôle, je perçois mon Âme
qui rigole de sa bonne blague... Alors ma main droite se porte sur
mon Thymus et ainsi je referme la porte de mon château.
Ma liberté est en mon cœur, mes
richesses sont en mon cœur. Il n'y a plus de portes fermées ni de
cloisons en mon cœur, il n'y a aucun objet de valeur dans mon
château, seul l'immensité du grand vide le remplit de sa
magnificence dorée.
Ainsi se termine cette petite fable de
fin d'année.
Amour et joie en nos cœurs.
Philippe
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